Pourquoi avez-vous choisi Marco Goecke et Crystal Pite afin de chorégraphier pour le Nederlands Dans Theater (NDT) ?
Ce sont nos deux chorégraphes associés à la compagnie ce qui signifie qu’ils créent tous les ans une nouvelle œuvre pour le NDT1 ou le NDT2. En 2018, Crystal Pite fêtera sa dixième année de présence à nos côtés et Marco Goecke nous a, quant à lui, rejoint en 2014. Tous deux présentent des qualités bien distinctes dans le processus de création et de construction d’une œuvre avec nos danseurs. Bien que différentes, leurs approches affichent, de par leur dynamisme et leur sincérité, de nombreuses similitudes. À nos yeux, ils constituent un atout majeur pour le NDT, une compagnie reconnue pour son sens de l’innovation en matière de langages de danse.
Que pensez-vous qu’ils peuvent amener aux danseurs du Nederlands Dans Theater ?
Ils sont connus pour leur franc-parler, ce qui oblige nos danseurs à s’adapter et à s’approprier rapidement leurs enseignements. Outre l’opportunité de collaborer avec des chorégraphes renommés, nos danseurs ont la possibilité de façonner leur propre personnalité artistique au plus haut niveau.
Vous succédez à Jiří Kylián, votre génération succède à celle dite des « maîtres » de la danse contemporaine (Maurice Béjart, Merce Cunningham, Pina Bausch…). Est-ce une lourde responsabilité ?
Pas du tout. La tradition n’est nullement un poids. Elle se met en pratique. Le NDT ne regarde pas en arrière. Nous avons le regard résolument tourné vers l’avenir. C’est une compagnie qui évolue avec le temps. Chaque directeur, y compris Jiří Kylián, s’est constamment efforcé de la modeler, la renouveler, la réinterpréter pour la faire aller de l’avant. Nous essayons simplement d’apporter notre pierre à l’édifice en nous appuyant sur ces valeurs clés.
Les spectacles des grands ballets sont souvent des spectacles sujets au succès ou du moins à l’approbation du public. Est-ce que cela contraint le choix des chorégraphes à qui vous faites appel pour créer ?
Non, absolument pas. Répondre impérativement aux attentes du public n’est pas inscrit dans l’ADN du NDT. La création artistique reste notre priorité, en espérant que le public y réponde favorablement. Bien évidemment, nous sommes conscients que nous jouons dans de grandes salles pour des auditoires élargis. Nous espérons toutefois que notre public se laissera porter par notre art une fois qu’il l’aura expérimenté. Cela devrait aller de pair !
Dans votre répertoire, on retrouve majoritairement des chorégraphes néo-classiques. Quand on regarde les répertoires des autres grands ballets, cette répartition revient. Pensez-vous qu’il existe deux histoires parallèles de la danse : celle faite avec des œuvres de grands ballets et celle faite avec des oeuvres de compagnies indépendantes ?
Le NDT est une compagnie qui jouit d’une renommée internationale en matière de création. Nous sommes une véritable source d’inspiration pour des compagnies plus « confidentielles ». De par son riche héritage, et bien avant que nous en prenions la direction, le NDT a vu naître des créateurs emblématiques tels que William Forsythe, Hans van Manen, Nacho Duato et bien entendu, Jiří Kylián. Une grande partie du répertoire d’autres compagnies s’appuie sur le répertoire du NDT. Bien entendu, nous ne sommes certainement pas la seule compagnie à avoir une forte influence mais au final, la majorité des œuvres actuelles sont inspirées des créations de compagnies telles que le NDT.