Montpellier Danse, la création à l'œuvre

Lorsque le Festival Montpellier Danse voit le jour en juillet 1981, il découle d’une double volonté. D’une part celle de Georges Frêche, nouveau maire d’une ville qu’il secoue vigoureusement pour en faire une métropole qui rayonne au présent. D’autre part celle de Dominique Bagouet, à peine installé dans cette ville, pour y créer un Centre chorégraphique conforme à la non moins vigoureuse décentralisation de la vie chorégraphique impulsée par les pouvoirs publics.
Tout le développement de Montpellier Danse se conçoit dans ce double principe d’origine : cette manifestation est chevillée au mouvement bouillonnant de la Nouvelle danse (et ses prolongements), tandis qu’elle entretient une fidélité clairement assumée à un projet politique. Ceci non sans implication directe lorsque le maire de Montpellier appelle pour quelques années dans son cabinet le directeur du festival, Jean-Paul Montanari. Celui-ci avait rejoint Montpellier aux côtés de Dominique Bagouet, qui lui confia très vite la direction du nouveau festival. Jean-Paul Montanari a dès lors forgé un modèle de manifestation de niveau pleinement international, dont l’acuité artistique attire certaines années jusqu’à plus de mille artistes, journalistes et professionnels, en même temps que très profondément inscrite dans le développement culturel au cœur des populations environnantes.

Montpellier Danse 40 ans — épisode 1 : Montpellier, Ville de danse

UN DÉVELOPPEMENT ENRACINÉ

Depuis 1996, Montpellier Danse orchestre aussi bien la saison d’hiver que le festival d’été, avec une grande cohérence de programmation, pour un total de 50 à 60 000 entrées payantes (dont moitié ou plus pour le festival). Ce chiffre est à mettre en rapport avec la taille de la ville (288 600 habitants) et de sa Métropole. Cette permanence complète celle du siège de son équipe, dans l’Agora, cité internationale de la danse, partagée avec le Centre chorégraphique national dirigé d’abord par Mathilde Monnier puis aujourd’hui Christian Rizzo, dans l’ancien couvent des Ursulines, en plein cœur de la vieille ville. Le festival et la saison se déploient en outre dans une douzaine d’autres salles.

Montpellier Danse 40 ans — épisode 2 : Construire l’Agora

Au cœur de Montpellier, l’Agora, cité internationale de la danse, achevée d’être restaurée en 2010, a été équipée de deux studios supplémentaires et d’une douzaine d’hébergements pour les artistes. Ces nouveaux espaces ouvrent au festival une perspective d’accueils internationaux d’artistes en résidence de création. La réhabilitation de la Cour des Ursulines en théâtre d’été, le Théâtre de l’Agora, est également réalisée pour que batte encore longtemps le cœur étoilé d’un festival de rencontres.

Montpellier Danse 40 ans — épisode 3 : Avec le Centre chorégraphique

UN FESTIVAL OUVERT SUR LE MONDE

Programmées conjointement par Dominique Bagouet et Jean-Paul Montanari, les éditions de Montpellier Danse dans les années 80 répondent d’abord à la nécessité d’éveiller un large public aux formes multiples d’un art jusque-là très peu diffusé. On « travaille pour que la danse ne soit plus une succursale de la musique ». On voit alors à Montpellier aussi bien de la danse classique – dont Dominique Bagouet provient – que néo-classique, mais aussi traditionnelle et de tous pays. Dès 1982, Trisha Brown inaugure une quête de références en direction des grands maîtres de la modernité américaine. Merce Cunningham la relaie en 1985. On ne compte plus leurs venues successives par la suite, et leurs triomphes, mais aussi les propositions rares réservées à Montpellier. En 1995, ces deux new-yorkais, rejoints par Bill T Jones, s’étonnent : « Nous habitons à quelques rues les uns des autres toute l’année, mais seul Montpellier nous donne l’occasion de nous rencontrer vraiment et réfléchir ensemble ».
Les années 80 sont celles d’une progression fulgurante de Montpellier Danse. C’est tout le mouvement de la danse contemporaine de l’Hexagone qui se donne rendez-vous à Montpellier. Les compagnies et chorégraphes de plus grande notoriété internationale s’y produisent régulièrement (Batsheva, Nederlands Dans Theater, Anne Teresa de Keersmaeker, William Forsythe, Sankaï Juku, Sasha Waltz, Jan Fabre, Saburo Teshigawara, etc).

Depuis sa création, Montpellier Danse a accompagné les quêtes, impulsé les tournants, questionné les tendances esthétiques du mouvement chorégraphique : dans les années 80, en contrepoint de l’option contemporaine, on y voit François Raffinot et Francine Lancelot propager une nouvelle esthétique baroque (et inviter Noureev à danser du Bach…). On y met en exergue la notion de « nouvelle interprétation » (1991). Cette même année propose une vision du hip hop infiltrée dans les quartiers populaires montpelliérains, croisée avec les apports new-yorkais les plus actuels. Ce même courant sera à nouveau valorisé en 2004, parvenu à sa pleine maturité esthétique. En 1996 est réveillée la mémoire vivante de la post-modern dance (Steve Paxton, Yvonne Rainer, 1996). À la fin des années 90, via un partenariat soutenu avec l’AFAA (Association Française d’Action Artistique), une grande attention est portée aux nouveaux chorégraphes d’Afrique noire et d’autres pays émergents. La programmation 2006 tourne son projecteur vers les modernités de la rive sud de la Méditerranée. Au tournant des années 2000, le décompte annuel baptisant chaque édition est remis à zéro (Montpellier Danse 01, Montpellier Danse 02, etc). Ces années développent un intérêt soutenu pour le renouvellement esthétique axé sur les nouvelles lectures du corps et la déconstruction de la représentation spectaculaire, conseillé par Laurent Goumarre. Les Jérôme Bel, Boris Charmatz, Emmanuelle Huynh, etc, bénéficient de parcours systématiques dans leurs jeunes œuvres. Raimund Hoghe attache intimement son nom à celui du festival, tout comme Emanuel Gat.

Montpellier Danse 40 ans — épisode 4 : Le soutien aux chorégraphes

Début 2010, avec la restauration complète de l’Agora, cité internationale de la danse, Montpellier Danse détient un outil supplémentaire lui permettant d’accentuer son soutien aux artistes. Les résidences à l’Agora se succèdent, les dialoguent avec les artistes se poursuivent désormais tout au long de l’année.

Avec l’ouverture de l’Agora, le soutien à la création chorégraphique régionale, nationale et internationale s’intensifie. Les créations (pièces coproduites par Montpellier Danse et montrées pour la première fois en France ou en Europe) représentent jusqu’à 80% de la programmation du festival, fait extrêmement rare dans les festivals européens. Édition après édition, le cap est maintenu et le public remplit en nombre toutes les salles de Montpellier Danse comme les événements de plein air qui se multiplient. Montpellier Danse est sur tous les fronts.

En 2020, alors que le festival s’apprête à fêter sa 40e édition en célébrant le « voir » et le « revoir », c’est-à-dire en mélangeant subtilement les œuvres nouvelles d’artistes en devenir aux œuvres marquantes de chorégraphes ayant fait les belles heures de Montpellier Danse, le monde est saisi par la pandémie de Covid-19. Montpellier Danse 40 n’aura pas lieu. Dans un sursaut de vitalité, le festival se réinvente et tente un report à l’automne. Au cours de cette édition 40Bis, on pourra assister à quelques créations, dont LOVETRAIN2020 d’Emanuel Gat, mais aussi à la recréation de So Schnell de Dominique Bagouet par Catherine Legrand avant que les portes des théâtres ne se referment pour plusieurs semaines.

Montpellier Danse 40 ans — épisode 5 : Revoir Dominique Bagouet

Montpellier Danse 40 ans — épisode 6 : Danser toujours

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La web-série, Montpellier Danse 40 ans, retrace en 6 épisodes l’histoire du festival. Les voix et les souvenirs de grandes figures de la danse et de la culture montpelliéraine vous plongent dans l’histoire du festival et vous font revivre des moments de danse inédits.

Une mini-série écrite et réalisée par Géraldine Pigault, produite par Théo Pitout
Une coproduction Observascope et Montpellier Danse avec la participation de France 3 Occitanie