Mourad Merzouki
Folia
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Mourad Merzouki a cette capacité à saisir l’air du temps, à décloisonner les genres et à enthousiasmer toutes sortes de publics grâce à ses ensembles puissants alliés à une élégance chorégraphique et un génie scénographique. Folia ne déroge pas à la règle. Dans un XVIIe siècle où dansent les planètes, les danseurs tournent et rebondissent sur des mappemondes dorées, et revisitent la Folia, cette danse du XVe siècle née au Portugal. Folia, ce sont ces rythmes endiablés de la tarentelle jusqu’à la transe, les corps pris dans les tournoiements d’une énergie cosmique, de coupoles virtuoses aux circonvolutions mystiques des derviches. Mais Mourad Merzouki nous parle aussi des rotations de notre Terre que la folie des hommes met à mal. Faisons le pari que cet extraordinaire tourbillon et ces danses plus légères que l’air réinventent notre monde. Agnès Izrine
Figure du mouvement hip hop depuis le début des années 1990, le chorégraphe inscrit son travail au carrefour de multiples disciplines. Autour de la danse hip hop explorée dans tous ses styles, se greffent le cirque, les arts martiaux, les arts plastiques, la vidéo et la musique live. Sans perdre de vue les racines du mouvement, ses origines sociales et géographiques, cette confrontation permet d’ouvrir de nouveaux horizons à la danse et dégage des points de vue inédits. Sa formation s’enracine, dès l’âge de 7 ans, dans la pratique des arts martiaux et des arts du cirque à Saint-Priest, dans l’est lyonnais. À 15 ans, sa rencontre avec la culture hip hop l’emmène vers le monde de la danse. Il s’attaque à la chorégraphie et crée ainsi sa première compagnie Accrorap en 1989, avec Kader Attou, Eric Mezino et Chaouki Saïd. Mourad Merzouki développe cette gestuelle née dans la rue tout en se confrontant à d’autres langages chorégraphiques auprès notamment de Maryse Delente, Jean-François Duroure et Josef Nadj. En 1994, la compagnie présente Athina qui réussit à transposer la danse hip-hop de la rue à la scène. Pour développer son propre univers artistique lié à son histoire et à sa sensibilité, Mourad Merzouki décide de fonder en 1996 sa propre compagnie, qui prend le nom de sa pièce inaugurale : Käfig signifie « cage » en arabe et en allemand. Ce choix indique le parti pris d’ouverture du chorégraphe et son refus de s’enfermer dans un style. À partir de janvier 2006 il imagine et conçoit un nouveau lieu de création et de développement chorégraphique qui met en oeuvre un nouveau rendez-vous pour la danse hip hop avec le festival Karavel : le centre chorégraphique Pôle Pik ouvre ses portes à Bron en 2009. En juin 2009, Mourad Merzouki est nommé à la direction du Centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne. Il y développe un projet intitulé « La danse, une fenêtre sur le monde », dont l’ouverture est le maître-mot. Il continue, à côté de la création et de la diffusion de ses spectacles, un travail de formation et de sensibilisation à la danse hip hop, en créant des rencontres originales favorisant l’accès à l’art chorégraphique et le soutien aux équipes indépendantes. En 2013, il crée le festival Kalypso, offrant un nouvel espace de visibilité aux compagnies de danse hip hop sur le territoire francilien. En mars 2016, il est nommé conseiller artistique de Pôle en Scènes à Bron, projet mettant en synergie le centre chorégraphique Pôle Pik, l’Espace Albert Camus et le Fort autour d’une ambition commune de diffusion, de formation et de création du spectacle vivant. Il reste fidèle à sa démarche artistique en proposant de créer des passerelles entre les disciplines, d’ouvrir les espaces et de les investir avec un public toujours plus large. Mourad Merzouki est membre de la commission d’aide à la création chorégraphique de la DRAC Île-de-France et du comité mécénat danse de la Caisse des Dépôts. Il figure dans le Who’s Who et a fait son entrée dans le Petit Larousse Illustré 2019.