Entretien avec Anne-Marie Porras et Bruno Guillore
Propos recueillis par Léna Bono Schiavon, le 27 février 2025
Pouvez-vous vous présenter en tant que partie prenante du projet ?
Anne-Marie Porras (AMP) : Je m’appelle Anne-Marie Porras et je dirige l’école Epsedanse depuis une quarantaine d’années à Montpellier. Ensemble avec Bruno Guillore, nous avons eu le projet de développer un cursus tout à fait différent autour de la danse contemporaine à Epsedanse : la Cellule d’excellence.
Bruno Guillore (BG) : Je suis Bruno Guillore, directeur artistique associé de la compagnie Hofesh Shechter, et maintenant directeur associé de la Cellule d’excellence à Epsedanse.
Comment vous êtes-vous rencontrés et comment est née la collaboration ?
AMP : La rencontre a eu lieu il y a de nombreuses années. Nous sommes amis depuis très longtemps et nous avons commencé à collaborer autour d’une conversation. Pour ma part, j’avais vraiment envie de ne pas rester toujours autour du diplôme d’État, mais de développer l’artistique grâce à des rencontres différentes avec des professionnels internationaux afin d’apporter aux étudiants de l’école une autre ouverture.
Les jeunes danseurs de la Cellule ont des journées bien chargées, ils ont des cours de danse classique et contemporaine, de Pilates et aussi des ateliers d’improvisation ou de transmission, comme le fait Bruno actuellement, en transmettant des extraits de Clowns.
BG : Anne-Marie ne l’a pas dit mais nous nous sommes rencontrés lorsque j’avais quatorze ans. Mes parents avaient une maison à Clermont-l’Hérault et j’ai suivi un stage de danse à Montpellier où j’ai découvert Rudy Bryans et Anne-Marie Porras. Je travaillais au Conservatoire de Boulogne-Billancourt et ils m’ont aidé à intégrer Conservatoire Supérieur de Paris. Ils prenaient beaucoup de leur temps pour m’aider et me soutenir dans ma démarche de jeune danseur.
Et plus récemment, je suis venu donner un atelier à Epsedanse et Anne-Marie m’a fait part de son désir d’essayer quelque chose de nouveau et de créer un nouveau programme pour former des danseurs contemporains. J’ai adhéré au projet !
Finalement, c’est comme une concrétisation de travailler ensemble sur un projet de formation après toutes ses années ?
AMP : C’est comme une filiation en fait, il y a quelque chose comme ça, oui.
BG : Ah oui, ça l’est. Pour moi, ce qui était intéressant aussi, c’est d’avoir beaucoup plus de contrôle sur le cursus de formation. Quand j’interviens parfois dans d’autres écoles de formation professionnelle de danse, j’essaye d’aider les étudiants, mais d’un autre côté je n’ai pas la possibilité de les suivre sur le long terme.
Pourquoi choisir de transmettre des extraits de Clowns aux jeunes danseurs ?
BG : Il n’y avait pas de désir que ce soit Clowns en particulier. Nous souhaitons en revanche que chaque année, ils travaillent une pièce différente. J’ai pensé que Clowns était une bonne pièce pour commencer avec la première promotion. Elle est excitante, sournoise, drôle et aussi sombre. Il y a aussi beaucoup de contraintes pour les danseurs, de couleurs différentes. C’est aussi une pièce qui a été créée il y a très longtemps pour le Nederlands Dans Theater et qui avait été transformée en soirée complète pour la compagnie junior d’Hofesh Shechter. Quand je dis compagnie junior, les danseurs ont entre 20 et 23 ans, donc ils sont un peu plus âgés que ceux de la Cellule mais il y avait une logique pour moi de leur transmettre Clowns.
Comment abordez-vous ces représentations en plein air dans les différentes villes de la métropole ? Est-ce que cela joue une certaine importance dans votre manière de transmettre des extraits de la pièce ?
BG : Oui et non. Je trouve que c’est intéressant pour eux d’être dans un environnement qui n’est pas un théâtre, cela leur apprend beaucoup. En tout cas, lorsqu’on est danseur, on ne danse pas toujours dans un théâtre. Donc c’est enrichissant pour eux d’avoir cette expérience et cette proximité avec le public. Et aussi l’opportunité de danser pour le festival, je trouve ça super pour eux ! Après, mon souhait ultime, c’est qu’ils puissent faire les deux : performer dans des théâtres et en extérieur.
Pour finir, Anne-Marie pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec Montpellier Danse ?
AMP : À Montpellier Danse, on a travaillé et présenté Entre chien et loup, avec Salia Sanou en 2010, puis The Roots avec Kader Attou en 2019. Pour moi c’est vraiment une belle aventure artistique, les rencontres que font les jeunes danseurs dans le cadre de ces transmissions sont très enrichissantes, ils apprennent beaucoup de choses !
La relation avec Montpellier Danse a toujours été aussi une écoute. Quand je venais présenter un projet, on m’a toujours accordé du temps. Et pour cela, je remercie beaucoup le Festival Montpellier Danse, c’est évident.