Né à Shiraz en Iran en 1972, Mohammad Rasoulof commence dès l’enfance à faire du théâtre, avant d’écrire et de mettre en scène des pièces. Lors de ses études supérieures, il étudie la sociologie à l’Université de Shiraz puis le montage cinématographique à l’institut d’études supérieures Sooreh de Téhéran.
En 2002, il signe son premier long-métrage, le documentaire The Twilight. La même année, après les manifestations qui ont suivi l’élection présidentielle iranienne de 2009, il est arrêté avec Jafar Panahi avec lequel il était en tournage. Accusé d’« actes et propagande hostiles à la République Islamique d’Iran », il est condamné à six ans de prison et à vingt ans d’interdiction de tournage. Il est acquitté en appel et sa peine est réduite à un an de prison. Elle n’est pas appliquée mais elle est accompagnée d’une interdiction de sortir du pays.
Celle-ci est levée en 2011, après la sélection de son film Au revoir au Festival de Cannes, qui lui vaut le prix du meilleur réalisateur dans la section Un Certain Regard, dont il devient un habitué. Les Manuscrits ne brûlent pas, est en effet lui aussi présenté dans cette section deux ans plus tard. À son retour dans son pays natal, le cinéaste se voit confisquer son passeport et ses effets personnels à l’aéroport de Téhéran. Il est libéré sous caution.
Il revient sur la Croisette avec le conte moral et politique Un homme intègre en 2017, toujours à Un Certain Regard, d’où il repart avec le Grand Prix. Il s’envole ensuite au Festival de Telluride aux États-Unis pour présenter ce réquisitoire implacable contre la corruption en Iran. Une nouvelle fois, son passeport lui est retiré à son retour à Téhéran et il est privé de sa liberté de circuler et de travailler. Il est condamné en juillet 2019 à un an de prison ferme, suivi de deux ans d’interdiction de sortie du territoire et de l’interdiction de se livrer à la moindre activité sociale et politique.
Son film suivant, Le Diable n’existe pas, est réalisé dans la clandestinité. Ce long-métrage, qui réunit quatre histoires autour de la peine de mort en Iran, remporte l’Ours d’or au Festival de Berlin 2020 ; un prix remis en l’absence du réalisateur, contraint de rester dans son pays. Le 9 juillet 2022, le cinéaste est incarcéré pour avoir signé un appel demandant aux forces de sécurité iraniennes de ne plus menacer les civils avec leurs armes, dans le cadre des manifestations de colère qui se multiplient depuis l’effondrement d’une tour à Abadan dans le sud-ouest du pays. Ses compatriotes et cosignataires, Mostafa Aleahmad et Jafar Panahi, sont également incarcérés.