Mathilde Monnier à propos de BLACK LIGHTS

  • Paroles d'artistes

Quelques mots de Mathilde Monnier à propos de BLACK LIGHTS, lors de la conférence de presse du 43e Festival qui a eu lieu le vendredi 24 mars 2023 à 11h30 dans la Salle Béjart de l’Agora.

Mathilde Monnier crée BLACK LIGHTS les 22 et 23 juin 2023 au Théâtre de l’Agora.

Je vois les désastres physiques sur le long terme de ces violences physiques et psychologiques qu’elles subissent. Je voulais en faire une pièce. Une pièce qui sera aussi joyeuse car il ne s’agit pas juste de s’appesantir sur quelque chose qui de toute façon est là.

« La pièce pour 8 interprètes que j’ai créé pour cette 43e édition s’appelle BLACK LIGHTS. La genèse de cette pièce est à la fois un livre mais aussi une série Arte. Il y a deux ans Arte a fait ce programme nommé H24 qui a été réalisé et conçu par les cinéastes Valérie Urrea et Nathalie Masduraud. C’est une série de 24 petites capsules, pour laquelle la chaîne de télévision franco-belge a commandé, à 24 femmes autrices internationales, des textes sur des faits réels de violences faites aux femmes. Chacune d’entre elles a écrit un texte qui a été adapté pour être diffusé sur Arte. Lorsque j’ai vu la série, j’ai trouvé ça extrêmement poignant, fort et important. Je suis ensuite tombée sur le livre qui regroupe les textes des autrices, et j’ai été complètement bouleversé. Il me semblait qu’à eux seuls, les textes pouvaient déployer tout un imaginaire poétique et scénique.

J’ai alors demandé les droits à Arte, à la production, aux deux réalisatrices, puis à toutes les autrices, ça a été un long chemin. J’ai souhaité travailler sur 10 textes et les 10 autrices concernés m’ont presque toutes répondues dans la journée, il y a notamment Lola Lafon, Monica Sabolo, Siri Hustvedt, et bien d’autres. Elles écrivent et elles racontent des violences réelles, parfois des violences qui leur sont arrivées, parfois des violences banales, parfois des violences psychologiques. Elles m’ont toutes dit : « nous on adore la danse et on pense que nos textes, il n’y a qu’un chorégraphe qui peut les remonter« , et ça m’a beaucoup émue.
La pièce parlera surtout de l’impact dans le temps de ces violences, j’étais moins intéressée par les faits en soi mais plus par leur impact sur le long terme, comment nous en tant que femmes ont vit avec ça dans le temps, comment notre corps vis avec ça, comment on le vis mal parfois et comment ça s’inscrit dans les corps.

En ce moment je donne des ateliers pour des femmes qui sont en situation de violences avec le CIDFF, un organisme national extraordinaire implanté aussi à Montpellier. Je les vois une fois par semaine et je vois les désastres physiques sur le long terme de ces violences physiques et psychologiques qu’elles subissent. Je voulais en faire une pièce, une pièce qui sera aussi joyeuse car il ne s’agit pas juste de s’appesantir sur quelque chose qui de toute façon est là.
On peut se dire effectivement qu’après le mouvement Me too, tout le monde parle de ces questions, que c’est quelque chose qui est à la mode, mais non c’est un fait de société ! Et c’est surtout un sujet qu’il ne faudrait pas banaliser parce qu’il est justement à la mode.
Pour moi la scène est justement l’endroit du retentissement et de l’écho, la scène c’est l’endroit où l’on peut redire, encore une fois différemment les choses.
Après avoir présenté la création à Montpellier dans le Théâtre de l’Agora au mois de juin, nous irons la présenter au Festival d’Avignon. »

Mathilde Monnier