Aujourd’hui, à l’heure où la montée des extrémismes de toutes sortes semble menacer la démocratie, quel rôle peut jouer la culture, et la danse en particulier ?
Face aux multiples crises économiques, politiques, sociales, notre pays est effectivement confronté à la montée des extrémismes. Et ce sont bien nos valeurs démocratiques qui sont menacées par l’intolérance et la violence. Nous sommes face aux dangers majeurs du repli identitaire et de la radicalisation de la société. Ce défi à relever est énorme et les attentats commis en France en 2015 ainsi que l’instabilité du contexte international opposent deux visions du monde : barbarie contre civilisation, fanatisme contre culture. La confiance en la démocratie et en la république est mise à mal. Pourtant, il existe des solutions. J’opte pour plus de transparence, plus de proximité, plus de citoyenneté et de dialogue. J’opte pour davantage d’éducation et oui pour davantage de culture. Car les arts, la musique, la danse permettent de raisonner, de comprendre le monde dans lequel nous vivons pour finalement se libérer de nos peurs. La danse comme la musique créent l’émotion et parlent aux cœurs. Pour moi, la danse est une discipline populaire qui puise ses fondations dans les racines de l’humanité, dans la tradition, la symbolique, l’initiation. Elle est la force de la vie. Elle vient non seulement enrichir notre humanisme, et l’échange notamment intergénérationnel. Faut-il redire à quel point, depuis la création du Festival, la danse tient une place fondatrice dans l’identité de Montpellier, tant au niveau national qu’international.
C’est donc un enjeu majeur de la maintenir comme l’un des piliers culturels de la Métropole. Enfin, la danse est une expérience physique, universelle, proche de tous. En cela sa place est aussi dans la rue, dans l’espace public… Si la peur domine l’espace public, la démocratie est en danger. Si la culture et la danse s’y expriment, alors la joie d’être ensemble reprend sa place.
La danse, la Méditerranée et l’art contemporain sont les trois axes que vous avez choisis pour faire en sorte que Montpellier soit la capitale culturelle de notre nouvelle grande région. Montpellier Danse, pour cette 36e édition, donne un coup de projecteur sur les artistes du bassin méditerranéen. Il y a comme une responsabilité du Festival et de l’Agora vis-à-vis de ces artistes. Qu’en pensez-vous ?
La Méditerranée fait partie des spécificités fortes de Montpellier. Au sein de la nouvelle grande région, elle est ce qui nous différencie en premier lieu de la métropole de Toulouse. Mais elle est surtout un formidable espace de coopération, tant dans sa dimension culturelle, qu’universitaire et économique. Fondateur et premier partenaire de Montpellier Danse, Montpellier Méditerranée Métropole a des liens avec de nombreuses villes de la Méditerranée. Je souhaite les renforcer et les mettre en synergie, notamment avec les villes jumelles de Montpellier : Barcelone, Fès, Tlemcen, Bethléem, Tibériade, Kos et maintenant Palerme. En ce sens, le Festival a vocation à parler avec les artistes du bassin méditerranéen. Mettre à l’honneur leur travail est une responsabilité artistique et culturelle. Car, même dans les périodes les plus sombres, maintenir ouverte la fenêtre de la rencontre, du dialogue et de la reconnaissance relève de notre devoir. Mais le Festival a aussi une responsabilité économique. Bien que nous soyons aujourd’hui dans un contexte budgétaire contraint, où il s’agit de faire mieux avec moins, Montpellier Danse a des moyens financiers importants. Au regard des institutions et artistes du bassin méditerranéen, son rayonnement est majeur. Après Montpellier, les spectacles s’exposent sur les scènes de Berlin, Bruxelles, New York, Pékin, Rio, Athènes, Marrakech, Istanbul…
Avec l’Agora, cité internationale de la danse, il y a en effet un rang à tenir vis-à-vis des habitants de la Métropole, mais aussi des artistes. Ces enjeux revêtent aussi une dimension économique et politique. Oui, la responsabilité de Montpellier Danse et de la Métropole est entière. Montpellier Danse est un bel exemple de développement international.
Le Festival fait de Montpellier la capitale de la danse et une métropole phare sur le bassin méditerranéen.