Pourquoi avoir choisi de regrouper ces trois chorégraphes en un même programme ?
C’est la saison officielle France-Israël 2018 qui a permis de concevoir ce programme. Grâce à Jacky Ohayon, directeur du Théâtre Garonne, qui est un fidèle partenaire du Ballet du Capitole et à Jean-Paul Montanari, directeur de Montpellier Danse, qui nous a rejoints, nous avons pu mener à bien ce projet. Nous nous sommes interrogés sur la composition d’un programme de créations avec des chorégraphes israéliens. Il a fallu faire un choix sur des personnalités très différentes et des œuvres chorégraphiques singulières. Trois d’entre eux ont été retenus et il y a eu échanges à bâtons rompus pour inscrire surtout les principes de jeu et d’enjeu pour ces trois chorégraphes.
Qu’est-ce qui vous plaît dans les œuvres et le travail de Yasmeen Godder, de Roy Assaf et d’Hillel Kogan ?
Hillel Kogan offre une vision du monde indépendante et engagée. Son intention est d’agir avec trois couples. L’approche du corps de Yasmeen Godder est souvent féminine et met la danseuse dans le jeu sensible et furieux des états de corps proches de la performance. Elle imaginera un solo pour une danseuse du ballet. Roy Assaf est loué pour sa chorégraphie sincère qui révèle une « physicalité » et une fragilité humaine. Il dirigera un plus grand ensemble d’au moins cinq couples. Chacun de ces chorégraphes a carte blanche pour sa création.
Lorsque l’on regarde les chorégraphes qui ont créé pour le répertoire du Ballet du Capitole, on constate qu’ils sont majoritairement classiques et néoclassiques. Ici, le choix est plus tranché sur une esthétique plus contemporaine de la danse…
Je ne cherche pas à donner une image avec un programme. Depuis mon arrivée à la tête du Ballet du Capitole, je travaille avec les danseurs sur une ouverture d’esprit et de corps pour permettre une diversité d’esthétiques. Il est vrai que nous pratiquons et utilisons le vocabulaire académique comme base première. En tant que directeur, je provoque des rencontres chorégraphiques au-delà des étiquettes et des chapelles. Jacopo Godani, Inbal Pinto, Jiří Kylián, Catherine Berbessou, Maguy Marin, William Forsythe, Johan Inger, Stijn Celis sont venus dans nos murs pour n’en citer que quelques-uns. Il n’y a aucune posture et aucun interdit, seulement le désir d’un ballet vivant d’aujourd’hui.
Comment définiriez-vous la danse que l’on trouve à Tel Aviv ?
Je ne suis pas un spécialiste pour qualifier la danse que l’on trouve à Tel Aviv. Je trouve que, globalement, la danse israélienne est effervescente, imaginative et ironique. Une danse que je ressens comme vitale en rappelant qu’elle existe dans un contexte où la guerre est en toile de fond. Une danse de ce que l’on est et non de ce que l’on fait, comme un miroir vivant et actuel de la société.