Il était une fois deux jeunes voyageurs fatigués que le mauvais temps surprend sur leur route. Ils s’abritent dans un temple désert. Ainsi s’ouvre le conte chinois La peinture sur le mur, dont Angelin Preljocaj s’est inspiré pour composer La Fresque. Après la Blanche-Neige des frères Grimm, le chorégraphe retrouve dans cette histoire venue des extrémités de l’Orient une héroïne aux cheveux de jais et à la bouche cerise. Celle de La Fresque n’est tout d’abord qu’une figure peinte sur le mur du temple. Mais l’image s’anime bientôt sous le regard épris de l’un d’eux par sa beauté ensorcelante il la rejoint et passe de l’autre côté du mur.
Baignée d’un noir de nuit et de blancheur lunaire, La Fresque navigue entre conte merveilleux, étrangeté fantastique et ravissements de l’illusion. Tout n’est que rêve, calme et volupté dans un monde d’air et d’eau, où flottent des formes indécises, créatures et volutes blanches, projections mouvantes et paysages mentaux dessinés par la designer Constance Guisset. Quand le voyageur et la jeune femme se livrent au bonheur de se découvrir et de s’aimer, le temps suspend son vol dans des duos sensuels et tendres. Mais l’illusion ne peut durer toujours et cet Eden fait d’ombres et d’éternité finira par disparaître. Poème mélancolique sur l’amour fantasmé et sa fragilité, La Fresque captive par la puissance de ses visions que servent les lumières d’Eric Soyer, les costumes du grand couturier Azzedine Alaïa et la musique de Nicolas Godin, qui se fait paysage et narration. Une œuvre universelle et intemporelle, pour tous les publics. Dominique Crebassol
Autour du spectacle…
Mercredi chorégraphique avec un danseur de la compagnie
Mercredi 20 février
À destination des lycéens
Formation des enseignants (Dafpen)
Lun. 18 & mar. 19 février
Salle Béjart / Agora
Angelin Preljocaj est né en France en 1957. De parents albanais, il débute des études de danse classique avant de se tourner vers la danse contemporaine auprès de Karin Waehner. En 1980, il part pour New York afin de travailler avec Zena Rommett et Merce Cunningham, puis continue ses études en France auprès de la chorégraphe américaine Viola Farber et du français Quentin Rouillier. Il rejoint ensuite Dominique Bagouet jusqu’à la création de sa propre compagnie en décembre 1984. Il a chorégraphié depuis 50 pièces, du solo aux grandes formes. Angelin Preljocaj s’associe régulièrement avec d’autres artistes parmi lesquels Enki Bilal (Roméo et Juliette, 1990), Goran Vejvoda (Paysage après la bataille, 1997), Air (Near Life Experience, 2003), Granular Synthesis (« N », 2004), Fabrice Hyber (Les 4 saisons…, 2005), Karlheinz Stockhausen (Eldorado – Sonntags Abschied, 2007), Jean Paul Gaultier (Blanche Neige, 2008), Constance Guisset (Le funambule, 2009), Claude Lévêque (Siddharta, 2010), Laurent Garnier et Subodh Gupta (Suivront mille ans de calme, 2010)… Ses créations sont reprises au répertoire de nombreuses compagnies, dont il reçoit également des commandes, c’est le cas notamment de La Scala de Milan, du New York City Ballet et du Ballet de l’Opéra national de Paris. Il a réalisé des films, notamment Un trait d’union et Annonciation (1992 et 2003). En 2011, il signe pour Air France le film publicitaire L’Envol qui reprend la chorégraphie du Parc. Plusieurs ouvrages ont été édités autour de son travail, notamment Angelin Preljocaj en 2003, Pavillon Noir en 2006 et Angelin Preljocaj, Topologie de l’invisible en 2008. Il est Officier des Arts et des Lettres, Chevalier de la Légion d’honneur et a été nommé Officier de l’ordre du Mérite en mai 2006.
Aujourd’hui composé de 24 danseurs permanents, le Ballet Preljocaj est installé depuis octobre 2006 au Pavillon Noir à Aix-en-Provence, un lieu entièrement dédié à la danse dont Angelin Preljocaj est le directeur artistique.