C’est avec une création mondiale qu’Angelin Preljocaj revient à Montpellier Danse, et une fois encore, avec une pièce qui s’annonce majeure… Dans le même programme, deux pièces importantes du répertoire de Preljocaj, Noces et Annonciation, permettent de mieux comprendre ce qui évolue dans l’itinéraire artistique du chorégraphe, et ce qui, au contraire, fait partie de ses fondamentaux.
— Sonia Schoonejans
Noces, une pièce pour dix danseurs, créée en 1989, affirme déjà l’écriture acérée, sensuelle qui lui appartient et donnera un élan international à sa carrière. Si Preljocaj respecte la musique d’Igor Stravinsky et se souvient du mariage selon d’anciens rites slaves, il s’éloigne de l’idée du Russe et de Bronislava Nijinska. Là où Nijinska accentuait l’insignifiance des époux et raidissait les mouvements pour créer des tableaux « constructivistes », Angelin Preljocaj, lui, met l’accent sur le couple qu’il multiplie. L’ensemble, dynamisé par une danse athlétique, met en scène cinq garçons machistes et cinq filles qui ne craignent pas de les affronter.
Avec le duo Annonciation, créé six ans plus tard, Angelin Preljocaj se saisit d’un des évènements majeurs de la religion chrétienne. L’annonce de sa future maternité faite à la Vierge Marie par l’Archange Gabriel et l’instant de la conception « divine » rendent le thème éminemment chorégraphique. Dans un décor carré baigné de lumière rougeâtre qui rappelle Fra Angelico, et sur le Magnificat de Vivaldi auquel se mêle une partition électronique, Preljocaj exprime, en 25 minutes d’une rare intensité et à travers des mouvements parfaitement stylisés, la vaste gamme d’émotions que l’Annonciation a inspirée à la peinture occidentale : étonnement, doute, acceptation de la part de la Vierge ; autorité, solennité, fulgurance de la part de l’Archange. Mais la sensualité, quand il s’agit du style de Preljocaj, n’est jamais loin et la dévotion se mêle à l’extase dans ce qui, finalement, prend l’allure d’une étreinte amoureuse.
La confrontation entre la nouvelle création d’Angelin Preljocaj et les deux pièces « historiques » emblématiques de son style constitue un des enjeux de ce programme éclectique et de cette édition de Montpellier Danse qui interroge la mémoire de la danse.
Sonia Schoonejans
Distribution / Production
Ballet Preljocaj
Centre chorégraphique national
Assistant, adjoint à la direction artistique : Youri Aharon Van den Bosch
Assistante répétitrice : Cécile Médour Choréologue : Dany Lévêque
Annonciation
Chorégraphie et scénographie : Angelin Preljocaj
Avec 2 danseuses
Musique : Stéphane Roy (Crystal Music), Antonio Vivaldi (Magnificat)
Interprétation : Ensemble international de Lausanne / Orchestre de Chambre de Lausanne, dirigé par Michel Corboz
Costumes : Nathalie Sanson
Lumière : Jacques Chatelet
Production : Ballet Preljocaj
Création en 1995 au TNDI – Châteauvallon
Création (2023)
Chorégraphie : Angelin Preljocaj
Lumière : Éric Soyer
Coproduction : Festival Montpellier Danse 2023
Noces
Chorégraphie : Angelin Preljocaj
Avec 10 danseurs
Musique : Igor Stravinsky, Noces
Interprétée par Les Percussions de Strasbourg et le Chœur contemporain d’Aix-en-Provence, dirigé par Roland Hayrabedian
Costumes : Caroline Anteski
Lumière : Jacques Chatelet
Coproduction : Maison des Arts de Créteil, TNDI Châteauvallon – Toulon, Alpha – FNAC, Arsenal – Metz, Centre National des Arts d’Ottawa
Commande 1989 Biennale nationale de danse du Val-de-Marne
Le Ballet Preljocaj est subventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC PACA, la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Département des Bouches-du-Rhône, la Métropole Aix-Marseille Provence et la Ville d’Aix-en-Provence.
Il est soutenu par le Groupe Partouche – Casino Municipal d’Aix-Thermal et la Maison de Champagne Piper-Heidsieck.