Raimund Hoghe a entretenu avec Montpellier Danse une relation intense, presque intime. De Young People, Old Voices (2002) à Moments of Young People, son dernier passage en 2020, le chorégraphe allemand aura durablement marqué le festival. Lorsque Raimund Hoghe crée Si je meurs, laissez le balcon ouvert, c’est encore une façon pour lui de resserrer les liens. Afin de laisser le balcon ouvert, ses danseurs se retrouvent pour un hommage. « Dans une performance éphémère, des fragments dansés choisis dans son répertoire vont raviver cette onde d’humanité et de poésie que Raimund Hoghe a su poser délicatement en chacun de nous, danseurs et spectateurs » résume Luca Giacomo Schulte maître d’œuvre de cette soirée comme un exercice de mémoire en complicité avec Emmanuel Eggermont. Nous retrouverons au plateau ces gestes minuscules, ces rondes gracieuses, ces instants à la beauté suspendue. Le « miracle » Raimund Hoghe encore et toujours. Il faut citer ces compagnons de route : Ornella Balestra, Marion Ballester, Astrid Bas, Ji Hye Chung, Adrien Dantou, Lorenzo De Brabandere, Emmanuel Eggermont, Kerstin Pohle, Luca Giacomo Schulte, Takashi Ueno. Chacun porte, enchanté ou inquiet, un peu de cette façon d’être au monde, singulière. Raimund Hoghe vouait un culte aux chanteuses, de La Callas à Judy Garland. Sans oublier Barbara. En détournant les paroles de celle-ci, il est temps d’écrire que notre plus belle histoire d’amour c’est bien lui, Raimund Hoghe. Philippe Noisette
Raimund Hoghe est né à Wuppertal en Allemagne et a vécu à Düsseldorf. Il commence sa carrière en tant que journaliste au Zeit en écrivant des portraits de personnalités. Il devient ensuite pendant dix ans le dramaturge de la chorégraphe Pina Bausch en 1980. Histoire du théâtre dansé écrit par lui-même raconte le temps de cette collaboration. En 1989, il crée sa première chorégraphie et rencontre en 1992 son principal collaborateur artistique Luca Giacomo Schulte. En 1994, il présente son premier solo Meinwärts auquel succèderont Chambres séparées (1997) et Another dream (2000). Raimund Hoghe inscrit ses spectacles dans un rapport intime au corps, notamment le sien, et au mouvement. Il a toujours été important pour le chorégraphe de présenter sur la scène des physiques qui défient les canons orthonormés d’aujourd’hui. Dans ses spectacles, les interprètes diffusent une émotion intense tant leurs présences sont singulières et l’attention pour l’autre, pour l’espace et la musique, importante. Il crée Young people, old voices (2002), Sarah, Vincent et moi (2002), Tanzgeschichten (2003), Sacre-The rite of Spring (2004), Swan Lake – 4 Acts (2005), 36, avenue Georges Mandel (2007), Boléro Variations (2008), Sans-Titre (2009), Si je meurs laissez le balcon ouvert (2010). En 2011, il est l’artiste associé du Festival Montpellier Danse au sein duquel il propose des chorégraphes et présente pour une seule et unique date la création Montpellier, 4 juillet 2011. Le dramaturge dévoile en 2013, Cantatas. En 2014, An Evening with Judy complète sa série de portraits consacrés à des chanteurs atypiques, après Joseph Schmidt et Maria Callas, c’est à Judy Garland, qu’il rend hommage. Il crée Quartet (2014), Songs for Takashi (2015), Musiques et mots pour Emmanuel (2016), La Valse (2016) et Lettere amorose (2017). En 2018, il crée Canzone per Ornella et également Pièce pour le Collège des bernardins, puis en 2019 Postcards from Vietnam et Projekt Bethanien. Il disparaît en mai 2021, à l’âge de 72 ans à Düsseldorf.