C’est comme d’habitude. Philippe Decouflé est en pleine création. On sait qu’il s’agira de musique rock, avec des danseurs dont certains sont acrobates et un comédien. Il y a aussi des musiciens en live. Decouflé est en création… Allez en écrire quelque chose ! Alors, lire le générique, et là : il y a Jean Rabasse ! Celui du cinéma, le décorateur de Delicatessen (1991) et de La Cité des enfants perdus (1995) de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro, mais aussi du J’accuse de Roman Polanski (2019). Et soudain tout devient logique ! Jean Rabasse fut le complice des premières aventures. Il était de l’aventure des Jeux Olympiques de 1992 et ensuite… Les scénos des Petites pièces montées, de Decodex, etc : c’est Rabasse. Rabasse dans une création de Decouflé, c’est Laurel qui retrouve Hardy, Eric et Ramzy, Roux qui se remet avec Combalusiez (ceux des ascenseurs), une manière de retour vers le futur version reconstitution de ligues dissoutes ! Ainsi, Decouflé renoue avec un certain esprit de ses débuts ! Alors le rock s’éclaire et Philippe Decouflé l’avoue, il a toujours voulu être manager d’un groupe, comme le Colonel Parker pour Elvis. D’ailleurs la bande son du spectacle regarde de ce côté, mais aussi des Beatles, de Devo ou de Fats Domino le tout réinterprété par le chanteur bordelais Arthur Satàn avec un groupe constitué par le manager Decouflé ! Une nuance cependant, il s’agit d’un manager de rock qui, comme le jeune chorégraphe de Vague Café (1983), s’enflammait à l’énergie physique de Karol Armitage -la punk ballerina- dans son hypervitaminé Drastic Classicism (1981) et rêve de show et de paillettes ; un manager de rock qui fait appel à ses souvenirs, qui veut aller de l’avant en regardant d’où il vient et en se réchauffant l’enthousiasme avec les vieux copains : ceux du temps du rock justement ! Philippe Verrièle
Pour travailler à la création de ce spectacle, Philippe Decouflé a été accueillie en résidence à l’Agora, cité internationale de la danse, avec le soutien de la Fondation BNP Paribas
Enfant je rêvais de devenir dessinateur de BD. Le dessin est souvent au départ de mon processus de création. Je jette des idées, croque des images qui me passent par la tête. Ma culture, c’est la BD, la comédie musicale, la danse dans les boîtes de nuit, et… Oskar Schlemmer, chorégraphe du Bauhaus. La découverte des photos des personnages de son Ballet triadique a été une révélation. J’avais envie, depuis longtemps, de travailler avec des formes géométriques simples : un cube, un triangle, cela me plaisait d’observer comment ces lignes, ces volumes, se comportaient entre eux. Alwin Nikolaïs m’a enseigné l’importance de la lumière et du costume, l’assurance qu’on pouvait tout mélanger. Techniquement c’est Merce Cunningham qui m’a le plus formé à la danse. A New York, j’ai suivi les stages de vidéo que lui-même donnait : passionnant. J’y ai appris à maîtriser les problèmes de distance et de géométrie, les règles élémentaires de l’optique et du mouvement. Tex Avery m’a beaucoup inspiré dans la recherche de gestes a priori impossibles à réaliser… Il me reste toujours quelque chose de ce désir, une bizarrerie dans le mouvement, quelque chose d’extrême ou de délirant… Je recherche une danse du déséquilibre, toujours à la limite de la chute. Avec des modèles comme les Marx Brothers par exemple, et en particulier Groucho Marx, j’ai cultivé la prise de risque malicieuse, la répétition comique de l’erreur…
Philippe Decouflé